Le jeûne intermittent est un mode de régime alimentaire dont on entend de plus en plus parler. Cela consiste tout simplement à ne pas suivre les 3 ou 4 repas journaliers qu’ont la majorité des gens. Il existe différents fréquences de jeûne intermittent dont la fréquence : 16 h de jeûne pour 8h ou 16 8, le jeûne 20 4 ou encore le 5:2 (2 jours de jeûne, 5 jours normaux). Mais ce jeûne intermittent 16 8 est-il bon pour la santé ? Est-ce qu’il existe un meilleur format parmi les jeûnes ?
Trop peu d’études spécifiques au jeûne intermittent 16 8
Il est aujourd’hui difficile de trouver des études sérieuses réalisées avec un protocole strict sur le jeûne intermittent 16 8. Le problème est que beaucoup d’études sont sorties sur le jeûne intermittent et chacune y va de son format. Cependant, j’ai retenu 2 études (Sutton, 2018) et (Nematy, 2012).
La première étude (Sutton, 2018) porte sur un vrai jeûne intermittent 16 8 et donc sur un groupe de personne ayant suivi durant 5 semaines, des journées pendant lesquelles elles devait jeûner durant 16 heures d’affilée. La faiblesse de cette étude est qu’elle porte sur un petit groupe de 8 personnes. Or on sait que plus la taille du groupe est importante, plus les résultats sont significatifs et peuvent permettent de donner des conclusions solides.
J’ai pris cette autre étude (Nematy, 2012) puisqu’il s’agit d’une étude portant sur des personnes ayant pratiqué le ramadan. Le ramadan est pratiquée durant 4 semaines et ses adeptes jeûne durant la journée, à savoir de 14h40 à 16h par jour selon le début ou la fin du ramadan. Les durées de jeune étant très proches avec le jeûne 16 8, j’ai décidé ici d’intégrer les résultats de cette étude afin de donner un peu plus de conséquences aux résultats. Le groupe test est ici constitué de 82 personnes.
Quels effets sur la santé ?
Les effets globaux du jeûne intermittent sont clairement positifs. Si on ne tient pas compte des différentes plages de privation de nourriture (16 8, 5:2, 20 4 etc…), il semblerait que cela soit bénéfique tout d’abord pour le cœur. Nous reviendrons sur cette donnée juste après. Il jouerait également un rôle favorable dans la lutte contre le diabète en augmentant la sensibilité cellulaire à l’insuline. Aussi, le jeûne intermittent permettrait de diminuer le cholestérol et la masse grasse sur une durée de 3 mois. Enfin, on notera un effet positif sur l’hypertension artérielle puisque ceux-ci permettraient de la faire reculer d’environ 10 mmHg (diastole ET systole) en 5 semaines. Maintenant, nous allons analyser plus précisément les effets du jeûne intermittent 16 8 sur la santé.
Tout d’abord, il est important de connaitre la différence entre jeune intermittent et restriction calorique. Comme son nom l’indique, une restriction calorique est une diminution des apports caloriques dans son alimentation. (Pour tout comprendre sur l’équilibre calorique du corps, voici un des mes articles qui pourra vous intéresser.) Ce n’est absolument pas le cas pour une jeûne intermittent où on peut très bien manger le même nombre de calories que d’habitude sur une plage horaire restreinte. C’est même de cette manière qu’ont été réalisées les études dont il est question ici.
Impact du jeûne intermittent 16 8 durant la période de ramadan
En se basant sur l’étude Nematy[1], il est possible de répertorier les bienfaits d’un jeûne intermittent 16 8. Que dit cette étude ? Cette étude réalisée sur 82 volontaires pratiquant le ramadan, semble confirmer les bienfaits généraux des différents types de jeûnes. L’évolution des différents paramètres entre le début et la fin du ramadan est la suivante.
- Bon cholestérol (HDL) : +11%
- Mauvais cholestérol (LDL) : -12%
- Triglycérides (graisse) : -19%
- Pression artérielle : -2%
Les résultats sont donc plutôt encourageants d’autant que la durée du ramadan est de seulement 4 semaines. Une autre étude[2] a démontré que la courbe des cardiomyopathies ischémiques infléchissait chaque année durant la période de ramadan. Le jeûne intermittent diurne (durant en moyenne 16 heures sur le mois) produirait donc un effet protecteur sur le cœur. Enfin, une méta-analyse[3] a confirmé cet effet en mettant en évidence l’impact positif du jeûne religieux sur les maladies coronariennes.
Bien que légère l’étude de Sutton en 2018 révèle une information intéressante. L’étude démontre que les bienfaits du jeûne sont encore meilleurs si les 6 heures d’alimentation commence dès le lever. Autrement dit, prioriser un petit déjeuner copieux et prendre le dîner aux alentours de 13/14h.
Conclusion
Pour conclure, le jeûne intermittent se révèle bien différent d’une mode sans aucune valeur pour la santé. Au contraire, il s’agirait d’un mode d’alimentation bénéfique pour la santé tant pour ses bienfaits cardiovasculaires que pour son action dans la perte de gras. Cela peut s’avérer intéressant pour traiter l’obésité par exemple puisqu’il s’agirait de favoriser sa baisse de masse grasse sans entrer dans un régime restrictif. Enfin, des études préliminaires ont montré in vitro que le jeûne intermittent pouvait prolonger la durée de vie cellulaire. Il n’est donc pas à exclure que le jeûne intermittent soit également un moyen de lutter efficacement contre le vieillissement. Affaire à suivre…
[1] Nematy, M., et al. Effects of Ramadan fasting on cardiovascular risk factors: a prospective
observational study. Nutr J 11, 69 (2012).
[2] Salim, I., Al Suwaidi, J., Ghadban, W., Alkilani, H. & Salam, A.M. Impact of religious Ramadan
fasting on cardiovascular disease: a systematic review of the literature. Curr Med Res Opin 29,
343-354 (2013).
[3] Horne, B.D., et al. Relation of routine, periodic fasting to risk of diabetes mellitus, and coronary
artery disease in patients undergoing coronary angiography. Am J Cardiol 109, 1558-1562
(2012).
[4] DONG, T. A., SANDESARA, P. B., DHINDSA, D. S., MEHTA, A., ARNESON, L. C., DOLLAR, A. L., … SPERLING, L. S. (2020). Intermittent Fasting: A Heart Healthy Dietary Pattern? The American Journal of Medicine.