Et si la thérapie d’exposition prolongée était future nouvelle arme contre le syndrome de stress post-traumatique ? Dans la grande famille des thérapies cognitivo-comportementales, la thérapie d’exposition prolongée (PE pour prolonged exposure en anglais) semble se répandre de plus en plus aux États-Unis. Cette thérapie d’exposition prétend être un outil permettant de lutter contre le stress post traumatique. Comment cela fonctionne-t-il et est-ce réellement efficace ?
Comment fonctionne la thérapie d’exposition prolongée ?
Pendant longtemps, la psychanalyse classique était seule pour lutter contre les différents troubles psychologiques liés à un syndrome post-traumatique. Il s’agissait de « digérer » un traumatisme vécu, par la parole et la compréhension.
Les thérapies comportementales ont une approche différente. Elles utilisent d’autres voies thérapeutiques que la parole comme le corps et la visualisation mentale. Elles vont également avoir une approche plus « frontale » que les thérapies psychanalytiques classiques.
Syndrome de stress post-traumatique (PTSD) et thérapie d’exposition
Lorsqu’un individu subit un traumatisme, son cerveau va alors subir un dérèglement dans la communication entre ses différentes couches. Cela se nomme syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Le cerveau le plus primitif d’où se déclenche la sensation de peur ne va plus être géré correctement par le cerveau rationnel. C’est à dire que lorsqu’une situation similaire à la situation traumatique va se reproduire, l’individu va ressentir la même peur, détresse, panique ou angoisse que lors de la situation traumatiques originale. Cela va constituer un problème récurrent puisque les situations déclenchant ces symptômes post-traumatiques ne sont pas dangereuses mais fréquentes.
L’idée de la thérapie d’exposition prolongée va être, pour schématiser, de vaincre « le mal par le mal ». Il s’agit de mettre le patient dans une situation virtuelle (exposition mémorielle) ou physique (exposition in vivo) déclenchant ce malaise, cette peur, cette détresse de façon prolongée. Le patient ressent en premier lieu ces émotions négatives puis celles-ci s’atténuent au cours du temps et des séances en constatant qu’il ne s’agit pas de situations rationnellement dangereuses. Une sorte d’accoutumance de l’esprit face à ces situations.
Les patients reprennent peu à peu le contrôle de leur cerveau limbique grâce à leur cerveau cognitif. Bien sûr il faudra effectuer au préalable un travail de compréhension du patient, de son histoire, de ses attentes etc…
Le traitement peut varier d’une dizaine à plusieurs dizaines de séances de minutes en moyenne. Le thérapeute doit d’abord faire passer un questionnaire portant sur les symptômes liés au troubles de stress post-traumatique (PTSD). Ce questionnaire est effectué à chaque nouvelle séance afin de pouvoir noter les évolutions potentielles.
Déroulement des séances d’exposition prolongée (EP)
Des enregistrements audio des séances peuvent être effectués avec l’accord du patient. Le but est de donner ces enregistrements au patient pour qu’il puisse réécouter certains passages de séances de soin.
Le praticien commence par expliquer au patient ce qu’est un trouble post-traumatique. Ils peuvent apparaitre après un choc psychologique mais pas chez tout le monde. Le praticien informe que les gens sujets aux PTSD tentent d’éviter certaines situations leur rappelant leur traumatisme et que cela s’accompagne souvent de pensées négatives à propos d’eux-même et du monde qui les entoure.
Le thérapeute va ensuite expliquer comment la thérapie d’exposition fonctionne. Des situations (gestes, odeurs, bruits, sensations…etc) rappelant le traumatisme apparaissent dans la vie, de temps à autres. Comme leur fréquence d’apparition est basse et que leur durée est courte, l’individu ne va pas pouvoir s’habituer et continuera à souffrir. La thérapie d’exposition prolongée va confronter le patient à ces situation avec une fréquence plus grande (1 à 2 fois par semaine) et plus longtemps (>1 heure).
Dans le détail, la composition d’une séance type varie selon qu’on au début, au milieu ou à la fin du traitement.
Une séance moyenne comporte plusieurs séquences. En début de séance, on y trouvera un bilan de 10 minutes sur les exercices que le patient avait à faire à la maison. Une discussion a ensuite lieu sur les réactions au traumatisme durant 30 minutes. Une exposition imagée aura lieu durant 45 à 60 minutes. Enfin on aura une construction hiérarchique in vivo pendant 20 minutes et une sélection des exercices à faire à la maison (15 minutes).
Le cerveau va alors apprendre à différencier des situations réellement dangereuses à des situations ou souvenirs, certes désagréables, mais sûrs.
La thérapie d’exposition est-elle efficace contre le syndrome de stress post-traumatique ?
La vraie question est de savoir si cette thérapie comportementale fonctionne réellement. Améliore-t-elle réellement le bien-être psychologique des patients souffrant de stress post-traumatique ?
On pourrait également se demander si ce n’est pas risqué de faire revivre aux patients leurs traumatismes. Car la plupart des gens ayant vécu des chocs traumatiques font tout pour éviter l’évocation de celles-ci. Et amener à la surface ces images ou ces situations effrayantes lors du traitement peut paraitre à première vue un peu barbare…
Que dit la science sur l’efficacité de la thérapie d’exposition seule ?
De nombreuses études semblent approuver les effets positifs d’une telle thérapie sur du long terme.
Cette récente étude de 2020 mesure l’effet de la thérapie d’exposition sur les personnes âgées. En effet, certains auteurs pensaient que cette thérapie était moins efficace sur les patients de plus de 65 ans. Il semblerait que la PE soit finalement réalisable, sûre et efficace tout autant sur les personnes plus âgées, bien qu’il ne s’agisse que d’un exemple unique. Ce papier établie cependant des différences notables de réactions à la thérapie entre les jeunes adultes et les plus âgés.
Cette autre étude de 2020 tentait d’établir la durée médiane de traitement pour des patients vétérans de la guerre du Vietnam. La dose efficace médiane de thérapie d’exposition semble être 4 semaines. La 4ème séance peut également être un excellent repère pour mesurer l’efficacité de la thérapie sur le patient. Enfin, cette étude avertit sur le fait que la démographie et les facteurs de comorbidité jouent sur la dose efficace médiane de traitement.
La thérapie d’exposition peut-elle être associée à d’autres pratiques ?
D’autres études vont plus loin en associant à la thérapie d’exposition prolongée d’autres techniques pour optimiser les résultats.
C’est le cas de cette récente étude qui démontre que la PE associée à une prise médicamenteuse à base d’ocytocine améliore significativement les résultats. Je rappelle que l’ocytocine est l’hormone de l’attachement qui est notamment sécrétée par les femmes lors de l’accouchement.
Vous connaissez sans doute l’EMDR. C’est une technique basée sur le mouvement des yeux pour lutter également contre les syndromes post-traumatiques. Et bien ce papier toujours très récent de 2020 explique que la PE associée à l’EMDR serait encore plus efficace. Mais pas dans n’importe quel ordre. En commençant par le PE en premier et en terminant la séance par l’EMDR, les résultats s’avèrent être encore plus impressionnant.
Bien que cette technique soit encore méconnue du grand publique en France, son utilisation ne fait que croitre de l’autre côté de l’Atlantique. Il ne s’agit pas d’une science exacte mais plus d’une pratique empirique, comme tout ce qui touche la santé mentale et le bien-être psychologique. Mais les nombreuses études scientifiques semblent donner du crédit à la thérapie d’exposition prolongée et la recherche progresse pour tenter de soigner encore plus rapidement et plus efficacement les personnes ayant connu un traumatisme en associant cette thérapie à d’autres techniques de soin.
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